Roussillon

Par Jean-Francois Valli

Au beau milieu du plus grand gisement d’ocre au monde, le magnifique village de Roussillon du Luberon, aux couleurs flamboyantes se dresse fièrement sur une petite colline au pied des monts du Vaucluse.

Cette ancienne cité fortifiée, classée maintenant plus beau village de France, surmontant une petite motte au cœur du Luberon, se devine au loin par sa couleur ocre particulière, qui lui vaut une renommée mondiale.

En 1785, Jean Etienne d’Astier de Roussillon découvre une technique de broyage et lavage de l’ocre très utile pour satisfaire l’industrie du textile, mais aussi le monde de la peinture. Ce pigment présente des qualités incroyables, il ne s’abime pas dans le temps et semble inaltérable. 

Le village connait alors un véritable essor industriel. Se développe alors un site qui va employer jusqu’à 1000 ouvriers et exploiter jusqu’à 40 000 tonnes d’ocre par an.

Falaise d’Ocre

Avec l’avènement de l’industrie chimique, après la seconde guerre mondiale, l’exploitation a disparu, mais l’artisanat autour de l’ocre s’est perpétué. Le village est toujours unique dans la région avec ses maisons aux tonalités chaudes et étincelantes.

Maison du Roussillon

Photographie : Jean-françois Valli

Que faire à Roussillon ?

Son centre-ville est unique par ses couleurs et son atmosphère. Roussillon est d’ailleurs classé parmi « Les Plus Beaux Villages de France ».

La rue Casteau est une bonne façon de s’imprégner de la fabuleuse ambiance flamboyante de ce bourg paisible. Ses boutiques d’art immortalisent et illustrent cette passion à tirer parti de l’ocre. Chaque demeure arbore sa propre teinte. La promenade devient rapidement un festival de tons jaunes, rouges, orange et bruns.

Marchand de couleurs présente fabrique une collection d’objets divers et colorés, de pièces uniques fabriquées et peintes à la main. A ses côtés l’échoppe Céramiques du Luberon vous invite à contempler d’autres poteries très originales toutes autant colorées.

Cette élégante rue nous transporte vers la place de la mairie et ses belles maisons du XVIIIème siècle. La mairie en crépi rose foncé et maisons à ses côtés forment une palette de couleurs qui frappent et scintillent.

La promenade est étonnante. Le Beffroi nous invite à découvrir l’histoire ce village médiéval. Ancienne tour de l’enceinte fortifiée, elle est devenue le clocher annexe de l’église. Ses cadrans solaires ont traversé le temps. L’un d’eux sert de fond à l’horloge moderne. On devine sa porte d’accès menant à l’intérieur par l’escalier qui monte sur la droite.

Faisant face au Beffroi, nous distinguons une ruelle à gauche, autre témoin du passé,  permettant de rejoindre l’ancien chemin de ronde qui joignait deux tours des remparts. Nous choisissons de poursuivre notre chemin dans ce monde incroyable de couleurs en direction de l’église Saint-Michel se situant sur les sommets du village.

Sa façade extérieure du XVIIe siècle reste dans les tons. En intérieur figurent des tableaux et une statue de Saint-Michel en bois. Dédiée à Saint-Michel archange, Saint patron de la commune, l’église originale semble remonter au 11ème siècle d’après les archives et figurant à l’intérieur de la partie fortifiée.

Le Village sait rendre hommage à ceux qui l’ont protégé. Ainsi la place Abbé Avon porte le nom du prêtre qui a prêté main forte aux villageois lorsque la peste de Marseille se répandit ici en 1720.

Sur les hauteurs du Roussillon, une autre boutique attire l’attention. Le Bals’Art déploie d’étranges machines. Une de ses spécialités : la réduction balsamique. Le principe ; réduire le vinaigre balsamique. Cuit à feu doux, un maximum d’eau s’évapore, ce qui permet d’obtenir un liquide plus épais et légèrement sucré.

Le Parc naturel régional du Luberon 

Ici, les maisons se fondent au paysage verdoyant que l’on peut admirer. 

Un point de vue panoramique permet d’apprécier la vue sur la vallée du Luberon et ses paysages verdoyants.

Nous sommes au cœur du Parc naturel régional du Luberon où se mêlent les champs de lavandes, vignes, Oliviers, Arbres fruitiers et plantes à parfum. De nombreux cours d’eau au régime torrentiel irrégulier irriguent les plaines et collines de la région qui vit économiquement de toutes ces ressources.

Les habitants du Luberon présentent fièrement leurs fruits gorgés de soleil et plein de saveurs. Au marché, les commerçants chantent avec enthousiasme que la tomate, ici, est beaucoup plus sucrée et qu’elle a le goût de la Provence, de la chaleur, du sud, du soleil. La bonne humeur est toujours au rendez-vous !

Le sentier des ocres du Roussillon

La façon la plus agréable de profiter de cet espace naturel est la promenade du sentier des ocres dans l’ancienne exploitation de l’ocre, faisant face au village. Deux parcours de 30mn et 50mn sont possibles dans le site, le plus grand étant évidemment un grand ravissement. 

Dès nos premiers pas, un décor extraordinaire de couleurs scintillantes aux formes incroyables se déploie à nos yeux. Nous ne nous imaginions pas un tel spectacle.

L’ocre est omniprésent, tantôt jaune, orangé, parfois rouge, voire violacé. Les colorations variées et naturelles, parant la roche, sont magiques, qui a pris différentes formes.

Sculptée par l’eau, le vent et la main de l’homme creusant pour récolter l’ocre, la roche s’est transformée en cheminées de fée, tours grandioses et surprenantes atteignant environ 25 m.

Cette promenade est aussi riche d’enseignements grâce aux panneaux d’informations développant l’histoire de sa formation, l’évolution de la flore et du massif des ocres.

Un guide rappelle à sa petite troupe que les enfants du village et des alentours venaient ici pour jouer autrefois, lorsque cet endroit n’était pas classé.

Les yeux remplis de couleurs et de formes extravagantes, nous quittons ce monde fascinant avec le sentiment d’avoir vécu quelque chose de sensationnel.

Les restaurants de Roussillon

A la sortie du sentier, sur un plateau aménagé, nous prenons une petite pause pour admirer la vue panoramique du village et de ses maisons colorées et serrées autour du beffroi. Ces belles maisons, en terrasse, coiffées de tulles romanes en argile offrent un joli tableau. Elles nous appellent à profiter des petits plaisirs de la vie.

Plusieurs restaurants aux cartes attrayantes et bien notés se présentent à nous. Séduits par la terrasse du restaurant La Treille et sa jolie terrasse ombragée, nous dégustons une cuisine provençale de produits de saison. La vue dominante sur le village est très agréable.

Chaque restaurant a ses arguments. La Grappe aux raisins, spécialiste de l’Aïoli et du poisson à l’ocre propose aussi l’agneau du Luberon et une agréable terrasse. Le clos de Glycine faisant face aux falaises d’ocre offre un cadre exceptionnel pour déguster une cuisine raffinée. Bistrot et crêperie viennent compléter une offre diverse.

Cette bourgade mène de surprises en surprises. Sur la façade du restaurant La Treille, se déploie le long d’un mur, une vigne de 171 ans.

Roussillon, entre musées et artisanat

Roussillon est une ville de passion et d’artisans attachés à leurs savoir-faire et au passé. Ainsi à l’entrée de la ville, le moulin à huile du village, mis en valeur par la maison Bremond 1830, immortalise cette tradition de récolte et d’extraction de l’huile chère à la Provence. Nous découvrons ainsi les outils et machines d’antan ainsi qu’un film et des panneaux très instructifs retraçant tout le processus et ses subtilités.

Au sud, en extérieur du Roussillon, cette fois c’est l’écomusée qui évoque toute l’histoire de l’ocre depuis l’Antiquité jusqu’à la découverte de Jean Étienne Astier, identifiant un procédé industriel pour commercialiser l’ocre à grande échelle. 

Après toutes ces découvertes, une bonne glace s’impose. L’occasion pour le glacier Angela de nous présenter une glace étonnante : la glace à la lavande et des sorbets au bon goût de fruit ! 

Roussillon est décidément une ville surprenante pleine de douceurs, où couleurs et passions se mêlent pour un séjour mémorable. Nous en repartons avec des yeux imprimés de tous ces rouges, jaunes, orange.

Accès 

Roussillon est à une heure en voiture d’Avignon et une heure d’Aix-en-Provence et à 30mn de Cavaillon (84). 

Pour ceux qui arrivent en train à Cavaillon, il existe un bus numéro 917 qui part de la gare routière SNCF de Cavaillon et qui permet de se rendre au village de Roussillon. Ce bus dessert Gordes puis Roussillon, mais aussi Bonnieux et Apt.