Le jardin des Tuileries, jardin à la Française
Le jardin des Tuileries
Par Jean-Francois Valli
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Connu comme le plus ancien espace vert parisien, le jardin des Tuileries ravit des millions de visiteurs chaque année. Ce jardin aux magnifiques perspectives et chargé d‘histoire s’étend entre le Musée du Louvre et la Place de la Concorde.
Au XVIème siècle, la proximité de la Seine et le charme de l’endroit inspire la création d’un jardin à l’italienne qui séduit quelques années plus tard Catherine De Médicis. Elle élabore alors les plans et aménagements d’un palais au milieu du jardin qui devient le théâtre de nombreuses et vastes réceptions.
Photographie de Jean François Valli : Les Jardins des Tuileries
Il prend toute son ampleur sous Louis XIV lorsqu’il demande au célèbre créateur des jardins royaux de Versailles André Le Nôtre, de le redessiner.
Composé de deux espaces appelés Le Grand Carré, aux grandes pelouses vertes parsemées de fleurs multicolores et du Grand Couvert, abritant une pléthore d’arbres, il est devenu un lieu d’agrément et de fête qui fait la joie des parisiens et touristes. C’est le roi Louis XV qui l’ouvre à la promenade à des parisiens choisis, le transformant en premier jardin public de Paris.
Les promeneurs y accèdent généralement par le Carrousel du Louvres ou la place de la Concorde et découvrent rapidement un véritable musée en plein air. Entrée est, l’arc de triomphe du Carrousel du Louvre, rend hommage à la Grande Armée de Napoléon Bonaparte, représentant ses différents corps d’armée. Il donne un côté solennel à l’entrée prolongée par les allées légendaires de bosquets bien taillés, qui forment un véritable labyrinthe jadis propice aux conversations et rencontres secrètes. Ces grandes haies, dans la plus pure tradition florentine, jalonnent le chemin menant à une esplanade dominant les grands bassins, dans l’axe de la Grande Pyramide.
La découverte des premières perspectives et du Grand Carré est fabuleuse. Ce spectacle est le fruit des réflexions et travaux de Le Nôtre, jardinier officiel du roi. Petit-fils et fils de jardiniers, s’inspirant de leur savoir-faire, il redessine le Grand Carré, décale les petits bassins ronds à l’époque pour créer des effets d’optique et jeux de perspective qui font maintenant le plaisir des photographes et visiteurs.
Le Grand Carré, considéré historiquement comme le véritable jardin des Tuileries, attire les promeneurs qui profitent des chaises mises à disposition pour admirer le spectacle des jets
d’eau et de lumières mais aussi les enfants faisant voguer leur bateau dans les bassins.
Ce jardin à la française a un charme fou, respectant les symétries, les bordures alignées, aux bassins parfaitement disposés. Il a su conserver quelques arbres remarquables ; les premiers arbres datant du XIXe siècle. Ses grandes pelouses vertes, autour du bassin central, ornées de parterre de fleurs, légèrement bombées nous plongent dans un univers de verdure aux mille et une petites allées. Certains arbres, placés judicieusement, encadrent des statues du 17ème siècle à nos jours qui donnent une plus grande dimension au lieu.
Ainsi la statut de Diane, la chasseuse accompagnée d’un chien, une sculpture en marbre, se dresse fièrement depuis 1872. De l’autre côté de l’allée une jeune fille toute fine représente une Nymphe avec un chien à ses pieds, une œuvre en marbre du même artiste Louis Auguste Lévêque (1814-1875), placée là, elle aussi, en 1872.
Une vingtaine de jardiniers s’active régulièrement pour entretenir le charme de ce jardin pour le plaisir de ses visiteurs. 22 hectares comptant 125 000 plantes agrémentent la belle balade des jardins des tuileries, une des promenades préférées des Parisiens et ce depuis le XVIIe siècle.
Des buvettes et restaurants à l’extrémité du Grand Carré sont l’occasion de faire une halte pied de l’allée des Tilleuls qui nous introduit dans le secteur boisé appelé Le Grand Couvert. Cette partie comprend près de 2 000 arbres qui participent à la respiration de la ville et font de cet espace un véritable poumon vert pour la ville. Ils sont aussi très appréciés l’été apportant ombre et fraîcheur.
A chaque extrémité de la double allée de tilleuls du Jardin des Tuileries, vous reconnaîtrez facilement le régal des vers à soie : deux mûriers blancs qui ont la particularité de pousser sous des formes différentes. Ces arbres récemment replantés dans le Jardin des Tuileries rendent hommage à Henri IV, auteur de leur implantation autrefois pour favoriser la production de soie en France.
Ces allées sont aussi ponctuées ici et là de très beaux ormes, la première espèce d’arbre à Paris. Aujourd’hui, elle est l’une des moins répandue ! Tilleuls et marronniers sont majoritaires au sein du Grand Couvert, où vous découvrirez deux exèdres (petit édifice indépendant dans l’antiquité formé d’un banc de pierre semi-circulaire parfois abrité par une voute) prolongés de bassins. Ornés de huit sphinges représentées à la manière grecque, assises et ailées, elles encadrent deux par deux les statues des extrémités des bassins.
Deux statues posées sur de hauts socles marquent l’extrémité de chaque bassin. Les deux premières figures, décorant le bassin nord évoquent l’histoire d’Atalante, qui défiait ses prétendants à la course, les poursuivait et les tuait. Elles renvoient aux Métamorphoses d’Ovide, la fable raconte qu’Hippomène réussit à retarder la course d’Atalante en lançant des pommes d’or données par Vénus et ramassées par Atalante.
Les figures de l’exèdre sud évoquent la poursuite de la nymphe Daphné par Apollon et sa transformation en laurier pour lui échapper.
La richesse exceptionnelle du jardin lui vaut d’être classé Monument Historique et inscrit au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. L’histoire du jardin le plus ancien et le plus vaste de Paris remonte au XIIe siècle. Cet endroit occupé, à l’époque par des fabricants de tuiles et entouré de champs de courges, a finalement cédé sa place et donné son nom aux jardins des Tuileries.
Les différentes espaces éveillent constamment la curiosité et nous invitent à découvrir, redécouvrir ses coins et recoins. La Terrasse du Bord de l’Eau, initialement construite pour protéger le domaine des crues, est surprenante. Dominant d’un côté les parterres et de l’autre le cours de la Seine avec ses quais plantés d’arbres, elle offre une merveilleuse balade.
Le Grand Couvert se poursuit jusqu’au bassin octogonal et le fameux fer à cheval, dont les rampes s’élevant majestueusement vers les terrasses et la place de la Concorde.
Les luminosités matinales et du soir illuminent, colorent et révèlent davantage toute ses beautés. Il est agréable flâner et rêvasser à tout moment au milieu des arbres, parterres de fleurs et sculptures. Les couchers de soleil le soir sont splendides.
La promenade est un voyage au cœur de la nature, de l’art et de l’histoire ; le jardin témoignant des grands moments vécus : fêtes royales, révolution, potager pendant la Deuxième Guerre mondiale, etc. Chacun y trouve son plaisir.